Avalanche du Tour suivie par une tentative d'interdiction par le préfet de l'alpinisme dans le massif du Mont Blanc puis par une mise en cause du PGHM de Chamonix par les pompiers de Haute Savoie. Interpellation d'accompagnateurs en raquettes pour mise en danger de mineurs sans qu'il y ait eu d'accident. Tapage médiatique autour des "naufragés de la Vanoise" et la polémique qui a suivi. Déclarations fracassantes d'élus sur la suppression de la gratuité des secours et sur une réglementation des activités de montagne. L'hiver passé a été riche en interventions de toutes sortes qui posent questions à ceux qui aspirent à ce que la montagne demeure un espace de libertés et pour qui les secours doivent rester un service public offert à tous.
A défaut d'y répondre, il est toujours possible de formuler quelques réflexions.
On peut quand même observer qu'il n'est pas dans la tradition républicaine que des fonctionnaires tirent un avantage pécuniaire pour avoir accompli leur devoir.
De plus Gendarmerie et CRS ont été montrés du doigt à peu près à la même époque pour des manipulations douteuse des télévisions cherchant à les montrer un peu trop à leur avantage. Comme pour les pompiers, il s'agit à travers des relations publiques bien menées de valoriser son administration, de maintenir pour les uns, d'étendre pour les autres ses prérogatives et par ce biais d'obtenir davantage de moyens en personnels et en équipements.
Ces quelques propos, volontiers outranciers, caricaturaux et réducteurs, défauts que je vais d'ailleurs dénoncer deux lignes plus loin, ont pour seul but d'amener chacun à réfléchir sur la face cachée des événements, ce que ne font pas assez souvent les médias et en particulier la télévision, qui trop souvent s'en tiennent aux apparences, exploitent le sensationnel et font appel à l'émotion plutôt que d'analyser les faits et d'inciter au raisonnement.
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Pendant ce temps, loin de tout ce brouhaha, les Ubayens et Hauts Provençaux du CAF s'investissent pour une meilleure sécurité de leur terrain de jeu en liaison avec le PGHM de Jausiers qui demeure le partenaire incontournable à la disponibilité jamais démentie, que ce soit pour les exercices de recherche en avalanche de début de saison ou pour assurer la sécurité de l'Ubayenne. L'année 1998 a en particulier été marquée par deux initiatives qui prouvent que service public et bénévolat sont bien complémentaires.
Le Club Alpin Français de la Vallée de l'Ubaye s'est engagé récemment dans la participation au secours en montagne en mettant sur pied une équipe de bénévoles destinée à renforcer le PGHM, après les pompiers et les chasseurs alpins, dans le cas où se ferait sentir la nécessité de disposer de sauveteurs nombreux et compétents. Il pourrait s'agir de rechercher un randonneur perdu dans la montagne par mauvais temps ou de participer à une opération de sauvetage de grande envergure comme celle des Crots il y a juste un an et pas très loin de Barcelonnette.
Ces bénévoles sont tous suffisamment expérimentés, techniquement compétents et disposant d'un équipement individuel adapté pour ne pas constituer une gêne supplémentaire aux sauveteurs mais bien au contraire être capables de leur apporter une aide précieuse.
En début d'année on a pu ainsi rassembler les éventuels participants à ce type d'opération. Plus de trente volontaires ont été appelés de façon à tester le système d'alerte et les faire participer à un exercice encadré par les gendarmes du Secours en Montagne de Jausiers sur les différentes techniques de recherche de victimes d'avalanches et l 'évacuation d'un blessé en traîneau.
Cette première expérience a donné toute satisfaction, mais il s'agit bien sûr dans l'esprit des participants de la renouveler de façon à devenir parfaitement opérationnels tout en espérant ne pas avoir à connaître la circonstance dramatique qui leur donnerait l'occasion d'intervenir.
Les Alpes de Haute Provence constituent un « trou » dans le maillage des réseaux radio d'alerte et de secours en montagne qui couvrent le massif alpin français, du Léman à la Méditerranée. Une tentative avait été déjà lancée il y a quelques années. Elle s'était concrétisée par la mise en place de deux relais sur les sommets de la Font Sancte et de la Grande Séolane par la société Savoie Electronique qui les avait utilisés auparavant sur les sites olympiques d'Albertville. Par faute de n'avoir pu trouver les financements nécessaires, le relais de la Séolane a été démonté, celui de la Font Sancte menace également de disparaître.
Or cette couverture radio demeure une nécessité, à la fois pour des raisons évidentes de sécurité, mais aussi pour des raisons économiques, les professionnels évitant les massifs d'où ils ne pourraient pas faire appel à des secours. Bien sûr on peut se poser la question de la pertinence d'un tel dispositif à l'heure des téléphones portables et satellitaires. Pour les 10 ans à venir, il apparaît que oui.
Si le portable est devenu d'un usage courant dans le massif du Mont Blanc, c'est que le relais de l'Aiguille du Midi est à vue directe de la plupart des sommets et de la Vallée Blanche. Mais en Ubaye et dans le haut Verdon, ce sont les zones d'ombres qui prédominent. La couverture téléphonique ne dépasse pas Jausiers et les sommets depuis lesquels on peut se relier au réseau restent rares. Sorti de la ligne de crête, les liaisons demeurent de toute façon impossibles.
Il existe depuis 6 mois un réseau de téléphone privé par satellites qui devrait bientôt être doublé. Les postes sont lourds et surtout coûtent très cher (20 000 F le combiné) ainsi que la communication ( 50 F/mn). On peut concevoir que ces tarifs diminueront avec l'extension de la pratique, mais cela reste actuellement hors de la porté d'un particulier ou d'une association.
C'est pourquoi une association a été formée à l'automne dont le but est de constituer et gérer un réseau radio d'alerte. Il s'agit d'abord de mettre en place 3 relais sur les sommets de la Font Sancte, du Neillière et du Pelat de façon à couvrir les massif l'Ubaye, de la Blanche et du Haut Verdon. Les demandes de subventions ont tout de suite été déposées mais alors que les crédits nécessaires n'ont pas encore été attribués (160 000 F par relais, soit 480 000 F au total), on parle également d'étendre le réseau, à l'aide de fonds européens, aux versants italiens.
Ensuite il faudra faire fonctionner ce réseau avec une écoute permanente tenue par le PGHM et une gestion des abonnés qui sera assurée par la Maison de la Vallée.
Le comité de direction de ce réseau d'alerte comprend la Maison de la Vallée, les guides et accompagnateurs, les refuges de Montagnes sans Frontières et le CAF qui en assure l'ossature avec comme Président Etienne Gérolami, Nicolas Guenot et Alain Gauthier tenant les postes de Secrétaire et Trésorier.
D'une manière générale, le secours en montagne est assuré dans les Alpes de Haute Provence par le Peloton de Gendarmerie de Montagne, basé à Jausiers. Cette unité spécialisée est composée de neuf sous-officiers d'active et de 15 gendarmes auxiliaires. Le personnel de carrière est particulièrement qualifié. IL compte 3 guides de haute montagne, un moniteur de ski alpin également maître de chien d'avalanche, un moniteur de ski de fond, un pisteur secouriste et six AQA canyon. Tous les personnels sont également détenteurs du chef de détachement militaire été et hiver ainsi que du stage de chef de caravane de secours.
En moyenne le PGHM effectue 120 missions de secours par an. Celles-ci sont très variées et font appel à toutes les techniques de haute montagne et de canyon. Le PGHM assure une permanence secours toute l'année, 24H/24. Hors les missions de secours, le temps disponible est consacré à l'instruction (préparation des brevets d' Etat délivrés par la jeunesse et les Sports), à l'entraînement physique et technique et à la surveillance de la frontière. Avant de partir en course, il est recommandé de prendre contact auprès du PGHM qui pourra donner des renseignements sur la difficulté, les conditions de la montagne, les horaires et les lieux envisagés.